Un nouveau diplôme en EMI, pour quoi faire ?

Un nouveau diplôme en EMI, pour quoi faire ?

20 septembre 2021 Non Par valentine.favel

Avec mes collègues Fanny Lignon et Isabelle Tourron  nous avons mis en place une nouvelle formation à l’Université Lyon 1, composante Inspé : un Diplôme Universitaire en EMI.

Cette nouvelle proposition de formation part d’un double constat :

  • L’offre de formation lourde en EMI est très réduite : un M2 de master MEEF  et à la rentrée 2021 (oui oui on fait des émules !!) une formation sera proposée par L’ENS Paris-Saclay et l’École supérieure de journalisme (ESJ). A noter que la première n’est ouverte que pour les enseignants, et la seconde est plutôt orientée travail journalistique.
  • La majorité des formations (qui n’excèdent jamais 4 jours dans le meilleur des cas) sont proposées par des organismes professionnels et donc ne sont pas interprofessionnelles ni inter-catégorielles.

Or, selon moi, cette dimension interprofessionnelle est essentielle dans l’EMI…. Certain(e)s professeurs-documentalistes crient au scandale et se sentent lésé-e-s, voir renié-e-s par cette vision des choses. Loin de moi l’idée d’externaliser l’EMI en établissement scolaire en la sous-traitant à des intervenants extérieurs. L’idée est plutôt d’associer les forces et de ne pas oublier les publics qui n’ont pas de professeur-documentaliste dans leur structure (1er degré, enseignement supérieur par exemple), ne pas laisser de côté les jeunes sortis du système scolaire, enfin penser aussi aux jeunes adultes, et pourquoi pas, aux adultes aussi.

De plus, question pédagogie, rencontrer des acteurs qui font autrement m’a toujours semblé un enrichissement.

Enfin, il me semble que pour qu’une EMI se traduise par des réelles évaluations dans les pratiques, celle-ci doit être portée par tous, dans toutes les situations et occasions avec des positionnements et des discours différents.

Je fais un parallèle entre l’EMI et l’éducation à la sexualité : ce sont toutes les deux des éducations  orientées sur des savoirs-devenirs et porteuses d’un projet de société. Il ne viendra à l’idée de personne de dire que l’éducation à la sexualité ne doit être assurer que par les enseignants de SVT ou les infirmières scolaires. Il en va de même pour l’EMI, qui ne doit se faire sans l’expertise et l’implication des professeurs-documentalistes mais qui doit concerner tous les enseignants et, plus largement, toutes personnes travaillent avec des jeunes (enfants, adolescents, jeunes adultes). En établissement scolaire, les professeurs-documentalistes doivent avoir une approche de spécialistes, ce sont des professionnels de l’info-documentation, et donc doivent aborder l’EMI en terme de compétences, de programme, de continuum. Sur le terrain, tous les professeurs-documentalistes n’ont pas ces compétences : tous n’ont pas un CAPES de documentation (environ 15% des professeurs-documentalistes de l’académie de Lyon sont des enseignants en reconversion ou réadaptation), certains ont du mal à actualiser leurs connaissances en autonomie, d’autres sont plus tournés vers d’autres facettes du métier (la promotion de la lecture, de la culture, de l’orientation, etc.). Bref, ne pouvant réformer toute la profession, nous proposons modestement un DU qui s’adresse aussi aux professeurs-documentalistes qui auraient besoin d’actualiser leurs connaissances et leurs pratiques pédagogiques.

Au final, le DU EMI que nous avons ouvert s’adresse aux enseignants (1er et 2nde degré, toutes disciplines y compris documentation, personnel d’encadrement, de direction ou de vie scolaire), aux personnels de bibliothèque, aux médiateurs numériques, aux travailleurs sociaux, aux journalistes, etc.

La première promotion a vue le jour cette année. Malgré le contexte de la crise sanitaire ce fut une belle année et une belle promo.

Pour l’évaluation du bloc 3 de la formation (passer des pratiques numériques personnelles à des usages professionnels) les stagiaires avaient à produire un dossier en ligne sur une thématique d’actualité. Un groupe a travaillé sur les Deepfake. Voici leurs productions.

L’autre groupe a travaillé sur la liberté d’expression. Voici leurs productions.

 

Merci à eux pour ce travail très complet et pédagogique !