Le livre qu’on attendait tous….
Elles l’ont fait…
Convoquer des spécialistes et leur demander de s’attaquer aux représentations les plus répandues concernant les enfants et les écrans….
Pas facile d’aller à contre-courant du discours médiatique qui nous rabâche quotidiennement que les « écrans » rendent bêtes, asociaux, voir violents, que les réseaux sociaux vont produire des générations de mutants addictifs et lobotomisés, etc, etc…
À lire l’introduction de ce livre, j’exagère à peine. Mais qu’on ne s’y trompe pas : l’idée de cet ouvrage n’est pas de porter un discours technophile, ni de promouvoir une pensée positive en faisant l’éloge des médias sociaux, et encore moins de propager une vision angélique des pratiques numériques juvéniles. Le parti pris méthodologique est celui du discours distancé et documenté. Car si le sujet des jeunes et des écrans est devenu un marronnier des journalistes, c’est aussi un sujet de recherche pour des scientifiques en Science de l’information et de la communication (SIC), en neuroscience, en psychologie cognitive, en sociologie , etc…
Ainsi, après une introduction qui fait le constat des paniques morales liées aux usages numérique des enfants, qui insiste sur la problématique d’utiliser le mot « écran » et qui présente la démarche intellectuelle des auteures, les scientifiques convoqués dans cet ouvrage s’attaquent aux 10 des mythes et des réalités les plus répandus :
- « Les écrans altèrent le développement de l’enfant et de l’adolescent » (Grégoire Borst et Nicolas Poirel) : mythe !
- « L’usage du numérique favorise le développement de troubles neurodéveloppementaux » (Magali Lavielle-Guida et Franck Ramus) : mythe !
- « L’usage du numérique fait diminuer l’intelligence des enfants et des adolescents » (Corentin Gonthier et Maud Besançon) : mythe !
- « Les écrans altèrent les relations au sein de la famille et déstabilisent la parentalité » (Dominique Pasquier et Bénédicte Havard-Duclos) : mythe et réalité !
- « Les jeux vidéo sont nuisibles par la santé physique et psychique des enfants et des adolescents » (Maxime Larrieu, Bruno Rocher et Séverine Erhel) : mythe et réalité !
- « Les jeunes sont crédules face aux écrans » (Gilles Sahut et Anne Cordier) : mythe !
- « Les écrans sont responsables d’une inculture adolescente » (Christine Détrez et Sylvie Octobre) : mythe et réalité !
- « Les dispositifs numériques éducatifs sont inefficaces pour apprendre » (Éric Jamet et Séverine Erhel) : mythe !
- « Apprendre en s’amusant avec le numérique est un mirage » (Séverine Erhel et Éric Jamet) : mythe et réalité !
- « Les réseaux sociaux altèrent les liens sociaux des adolescents » (Bérengère Stassin et Anne Cordier) : mythe !
Dans la conclusion, les auteures expliquent pourquoi il n’est pas possible de répondre à la question : quels sont les effets de la consommation des écrans sur les enfants et les adolescents ? Elles invitent à « sortir du tropisme primaire qui consiste à stigmatiser « le numérique » dans sa globalité ». En somme, elles répondent qu’il n’est pas possible de répondre à cette question, car elle est mal formulée et recouvre trop de réalités pour faire l’objet d’une réponse rapide et univoque. C’est d’ailleurs le cas de la plupart des mythes abordés dans cet ouvrage : ils posent les mauvaises questions. Par contre, les auteures proposent des pistes pour accompagner les enfants dans le numérique afin de développer leur pouvoir d’agir (empowerment) et là bonne nouvelle, c’est qu’il a plein de choses à faire.
Donc arrêtons de poser les mauvaises questions et mettons-nous au travail…