EMI dans le 1er degré : qu’enseigne-t-ont ?
L’EMI dans le 1er degré est une éducation transversale qui doit être faite en parallèle d’autres enseignements, dans le sens où il n’y a pas de programme et pas d’heures dédiées à celle-ci. Si l’on consulte le socle commun, des références sont faites au cycle 2 et 3 dans le domaines 2 (Les méthodes et outils pour apprendre) et dans le domaine 3 (La formation de la personne et du citoyen) . En janvier 2018, le Conseil Supérieur des Programmes a publié un texte d’orientation qui organise l’EMI autour de trois axes pour le cycle 3 : « les compétences informationnelles » (rechercher, identifier et organiser l’information) ; « les créations collectives et multimédias » (écrire, créer, publier) et « les usages responsables des médias » (citoyenneté, droit et responsabilité). Au cycle 3, une 4eme entrée est proposée, « s’approprier et comprendre un espace informationnel et un environnement de travail ».
Si l’EMI fait partie des programmes officiels, il semble bien que cette éducation soit encore très marginale. En témoigne le peu de séquence pédagogique disponibles sur cette thématique sur Internet concernant le 1er degré. Par ailleurs, il n’existe pas, actuellement, d’étude scientifique ou institutionnelle qui proposerait un état des lieux des séances proposées en EMI dans le premier degré. A défaut, d’une étude empirique, nous pouvons prendre connaissance des séquences proposées sur Internet par les enseignants, ce qui, nous en sommes bien conscient, ne reflète en rien la globalité des pratiques. Ces réserves faites, si l’on fait un rapide tour d’horizon des séquences sur l’EMI proposée dans le 1er degré ont s’aperçoit qu’elles privilégient certaines thématiques :
– La découverte des médias et surtout de la presse (exemple)
– L’éducation à l’image dont la photographie et la publicité (exemple1) (Exemple 2) (Exemple 3)
– Le harcèlement (ressources)
– La désinformation (surtout par la manipulation des images) (exemple)
– Les bons usages (identité numérique, netiquette, droits et devoirs,), voir les dangers d’internet (les mauvaises rencontres, les addictions, le cyberharcèlement,) , qui reste l’entrée la plus fréquente….
Ce rapide tour d’horizon nous apprend plusieurs choses :
– La première c’est que l’EMI est souvent délivrée pour elle-même et non dans le cadre d’un enseignement disciplinaire pour lequel le recours à l’analyse informationnelle et à l’esprit critique face à l’information pourrait être abordés. D’ailleurs de nombreuses séquences sont faites dans le cadre de l’EMC. Pourtant, il serait profitable d’associer les objectifs, comme par exemple, débattre avec les élèves de leurs usages du numérique en abordant le fonctionnement du cerveau (Le cerveau: le faire connaître aux enfants (Activités pour le cycle 3) Introduction au cerveau et à ses fonctions cognitives (Fondation la Main à la Pâte) : https://www.fondation-lamap.org/fr/page/28740/le-cerveau-le-faire-connaitre-aux-enfants-activites-pour-le-cycle-3)
– L’approche reste celle de la prévention, voire de l’information mais rarement celle de l’éducation ou de l’acquisition de compétences
– La recherche documentaire est une activité très peu formalisée, et si elle l’est c’est toujours d’un point de vue technique, celui des outils.
– Il y a une grande confusion chez certains enseignants entre informatique, bureautique et EMI.
De ce rapide constat on peut dire que si le M de EMI pour Média est à peu près cerné par les enseignants, le I pour Information, pose davantage problème. L’enseignement d’une culture informationnelle et plus largement d’une culture numérique reste difficile à mettre en œuvre. En autre, il y a très peu, voire pas du tout, de séquences pédagogiques sur la question des enjeux économiques (la question des données personnes et des big data par exemple), sociétales (les GAFAM, la démocratie sur internet, les logiciels libres, les injonctions par l’image…), politique (qui détient internet ?) ou philosophique (qu’est-ce que l’IA ? qu’est-ce qu’un algorithme ?,…). Une solide culture informationnelle pourrait permettre aux élèves de développer leur esprit critique face à l’information et de développer des comportements citoyens. Cette ambition ne semble pas démesurée pour le 1er degré, même si elle dépasse de loin celle du projet de cadre de référence des compétences numériques pour l’école.
Par exemple Max Butlen (F. Chapron et E. Delamotte (dir), L’éducation à la culture informationnelle, ENSSIB, 2007, p 254-257) propose un curriculum pour la formation à l’information :
– Dès le cycle 1 mettre en contact les élèves avec des sources, des lieux, des outils d’informations diversifiés.
– Au cycle 2, le développement d’une aptitude à la recherche d’information peut se complexifier : cerner le sujet, expliciter un protocole de recherche, mobiliser ses connaissances, acquisition d’une méthode.
-Au cycle 3, connaissance de l’organisation de chaque support, imprimé et numérique et prélèvement de l’information et début d’enseignement sur la question de la restitution.
En préambule de ce curriculum le chercheur rappelle que lire une information c’est avant tout lire….les spécificités de la lecture sur écran sont en effet à prendre en compte comme postulat de base à toute séquence sur l’EMI.
Vaste programme….
Ressources :
Il n’y a pas de sites dédiés à l’EMI pour les jeunes publics et les ressources disponibles, pour l’enseignant ou l’élève, doivent être piochées soit du côté des sites à destination du 2nd degré, soit du côté des sites consacrés à la question du numérique à l’école. Nous avons tout de même fait une petite sélection qui sera enrichie au fur et à mesure de nos découvertes.